Elimination du PSG face à Dortmund - Une promesse peut-être, un échec sans doute

Cette fois-ci, ce n'était ni le Manchester City de Pep Guardiola comme en 2021, ni même le Bayern Munich d'Hansi Flick comme en 2020. Le PSG était encore aux portes de son rêve mais n'est pas tombé sur un cador, un club en avance sur lui. La défaite ne permet pas de mesurer ce qui lui reste à accomplir pour atteindre le très haut niveau. Dortmund lui a juste montré qu'en football, marquer peut aider à avancer. Le Borussia est en finale de la Ligue des champions. Est-il plus fort que ce Paris ? "Non, ils n'ont pas été plus forts", tranche Warren Zaïre-Emery. Un avis qui s'entend.

Trente tirs et quatre poteaux au match retour, six en tout : le PSG n'a pas saisi ses nombreuses occasions. La Ligue des champions s'envole au moment même où elle semblait enfin lui tendre les bras. Parce que le tirage lui offrait un tableau rêvé. Parce que les polémiques en tous genres et les affaires extra-sportives se tenaient enfin loin du club. Parce qu'une union sacrée semblait souder ce PSG et tout son environnement autour d'un but commun. Et parce que le Parc des Princes a rugi comme jamais nous ne l'avions entendu. Ce n'était peut-être pas le PSG le mieux armé, a priori, pour aller au bout. Mais c'était l'édition, a posteriori, la plus ouverte, avec celle de 2020, à son premier couronnement, même si l'ombre du Real Madrid planait toujours.

Le chemin semblait tracé par le tirage, bien sûr, mais aussi par le storytelling. La dernière danse de Kylian Mbappé, celle qui aurait dû l'amener au triomphe final avant le grand départ. Car voilà bien un autre problème à venir. Paris devra désormais s'attaquer à son plus grand défi sans lui. Avoir le meilleur joueur du monde dans son effectif ne garantit rien et cette demi-finale l'a cruellement rappelé. Ne plus l'avoir, en revanche, vous fait nécessairement partir de plus loin. Le bilan parisien en Ligue des champions quand son attaquant n'a pas été décisif donne le vertige : depuis 2021, Mbappé n'a pas marqué ou donné de passe décisive au cours de 12 matches de C1, Paris n'en a remporté aucun (10 défaites, 2 nuls). Dans deux mois, il ne sera plus là, pourtant le PSG nous joue une petite musique depuis plusieurs mois. Celle de la reconstruction, d'un avenir meilleur, de bases solides posées pour le futur.

Un narratif qui permet de faire passer la pilule d'un départ que Paris, rappelons-le, subit. Mais qui marquera des buts l'an prochain ? S'il n'a pas été à la hauteur de l'évènement mardi, l'aventure aurait pu s'achever dès les 8es sans lui. Le vide qu'il laisse est colossal. Luis Enrique a beau avoir posé son empreinte sur l'équipe, c'est encore Mbappé qui faisait gagner les matches. En attendant de connaître l'identité des recrues de l'été, personne n'est taillé dans le PSG d'aujourd'hui ni pour prendre sa succession ni pour marquer 40 buts, ni même 30, en dix mois. La saison de C1 à cinq défaites et l'incapacité à exister depuis les quarts sauf face à un Barça réduit à 10 limitent aussi les promesses de ce nouveau Paris. Que vaudra-t-il en août ou en mai prochain ? Mystère.

Depuis des années, chaque fiasco parisien s'accompagnait d'une chasse aux sorcières. Aujourd'hui, alors qu'il faudrait garder tout le monde, c'est le meilleur d'entre tous qui s'en va, comme pour donner plus de regrets encore à cette année qui dessine une progression autant qu'un grand point d'interrogation. La maigreur du palmarès français laisse penser que lorsqu'une occasion telle que celle-ci se présente, il vaut mieux la saisir.

En 68 ans d'existence, la Ligue des champions ne s'est offerte qu'une fois à la France. C'est mal connaître ses leçons de penser que ce n'est que partie remise. Surtout avec ce PSG qui peut changer au gré des envies qataries et des mercatos dispendieux. La seule certitude aujourd'hui, c'est que Paris a laissé passer une chance inespérée d'attraper enfin ce après quoi il court depuis tant d'années. La quête continuera un an de plus, au moins.